Quelles devraient être les recommandations des directeurs de centres hospitaliers, des professionnels de santé et autres secteurs de la région sur l’usage des réfrigérants dans un avenir proche ?
L’accord conclu à Kigali en octobre 2016 pour la modification du Protocole de Montréal afin de couvrir également les HFCs est un accord historique. Mais quid des conséquences de Kigali sur les directeurs de l’ingénierie dans le milieu hospitalier, de la santé, de l’éducation, de l’aviation et d’autres secteurs dans la région du Conseil coopératif du Golfe (CCG) ? Quelles sont les répercussions, le cas échéant, sur les réparations ou le remplacement des refroidisseurs ?
Dans ce contexte, il est pertinent de remarquer que dans le cas des HFCs, on parle d’une réduction et non une élimination des réfrigérants. En d’autres termes, contrairement aux CFCs et HCFCs, l’accord de Kigali ne demande pas l’élimination des HCFs mais une réduction jusqu'à un certain niveau d'ici les prochaines décennies.
Comme l’ont expliqué les experts, la réduction dans la région du CCG commencera en 2032 et représente 10% de sa valeur de base, calculée comme étant la consommation moyenne de HFC (2024-2026) + 65% de la valeur de base de HCFC (2009-2010). Cette réduction progressera de 10% chaque cinq ans jusqu'à atteindre le niveau de base en 2047.
La première étape de la règlementation est de réduire les HFCs dans les secteurs de production de mousse, de l’automobile et dans l’industrie de la réfrigération, qui constituent la plus grosse part de marché et, élément plus inquiétant, enregistrent également le plus haut taux de fuite.
En bref, il est temps que tous les secteurs de la région du CCG répondent à l’accord de Kigali. Ceci dit, une décision consciente et dans l’intérêt de l’environnement serait d’autant plus louable dans cette région qu’elle cherche à accélérer sa transformation en un marché responsable. Outre une action de sensibilisation, le gouvernement doit aussi mettre en place un régime de facilitation de transition au lieu d’agir au dernier moment, une fois que la situation sera trop chaotique. Une transition systématique vers des faibles PRP (réfrigérants au potentiel de réchauffement planétaire), ce qui est au cœur des aspirations des parties du protocole de Montréal, implique des recherches et développements, mais également des tests rigoureux pour la région du CCG, qui est caractérisé par des conditions d’opération plus difficiles que dans les régions tempérées et avec des heures d’utilisations plus élevées.
L'une des solutions au centre des débats était l'utilisation des HFOs (hydrofluoroalcènes), qui sont une alternative possible aux réfrigérants actuellement utilisés, tels que le R-410A. Les HFOs sont considérés comme les réfrigérants idéals pour surmonter la transition et passer des R-134A aux R-410A. En d’autres termes, l’objectif est de remplacer le plus vite possible le R-134A par les HFOs, qui ont une meilleure efficacité dans des conditions aux températures élevées. Certains HFOs ont même un faible potentiel d’appauvrissement de la couche d'ozone (SAO), un PRP proche de un, et offrent aux systèmes de refroidissement une meilleure capacité et un meilleur rendement avec une réduction des kilowatts par mètre carré. Autrement dit, c’est un plus pour le coût total de propriété. Toutefois, leur classification en tant que A2L et moyennement inflammables est préoccupante. Cela remet en question leur usage sécurisé et leur application commerciale sans mettre en danger des vies humaines.
C’est cette même question qui a protégé la population en interdisant l’ammoniac écologique dans les systèmes de climatisation de la région, car considéré comme dangereux, proche du propane hautement combustible. Dans le cas de l’ammoniac, on peut toutefois rappeler qu'il a été utilisé sans danger pendant plus de dix ans dans les centres de ski de Dubaï et dans un centre commercial de l’émirat, tous deux situés dans des quartiers résidentiels très peuplés. Ces infrastructures auraient mené une opération de vigilance et des protocoles stricts afin de prévenir tout incident potentiellement dangereux. En bref, ces établissements sont un cas d’étude sur l’utilisation sécurisée de l’ammoniac, mais dans le circuit primaire. Le circuit secondaire fonctionne au glycol liquide et pourrait permettre une utilisation de réfrigérants bien plus dangereux et à des usages bien plus variés.